Si les Chaussées à Voie Centrale Banalisée (voir article plus bas) ne sauraient remplacer les pistes cyclables, leur existence désormais envisagée en de nombreux endroits de notre territoire renverse la domination de la voiture dans l'espace urbain pour ouvrir la nouvelle ère du partage des voies, assurant la priorité de l'usager le plus faible sur le plus puissant.
Cette (r)évolution doit être accompagnée par la puissance publique pour être intégrée par l'automobiliste. Car c'est un changement social qui passe par la modification des représentations et, nous le savons, celles-ci sont nourries par des valeurs qu'il faut faire évoluer.

Et, en parlant d’évolution, nous ne pouvons que nous réjouir de la place qui est désormais de plus en plus faite au vélo, en particulier dans la ville-centre de Morlaix (voir reportage plus bas).

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Le bureau de l'APAV

Le vélo commence à prendre sa place à Morlaix.

Le centre-ville (places Charles de Gaulle et Cornic) s'est paré en février et mars de bandes cyclables ainsi que d'une bande de neutralisation pour éviter les ouvertures de portières.
Des arceaux vélos ont été apposés entre le rond-point Charles de Gaulle et le Viaduc, supprimant au passage la place de stationnement voiture en amont des passages pétons. Il s’agit d’une anticipation de l’obligation de neutralisation, devant prendre effet en 2026.
Les Chaussées à Voie Centrale Banalisée (CVCB, ou « chaucidous ») testées lors du déconfinement en mai 2020 ont été pérennisées quai de Léon et quai de Tréguier-cours Beaumont.
Des sas vélos ont été rajoutés.
Des lignages de pavés ont été enlevés.

Et un comité piéton-vélo (commission extra-municipale) est en cours de mise en place.

Tout cela va dans le bon sens pour sécuriser les piétons et les cyclistes et faciliter la pratique du vélo au centre-ville. Nous souhaitons que cela se développe rapidement sur l'ensemble de la commune. L’association sera également présente comme partenaire lors de futures actions de communication in situ sur l'utilisation des sas vélos.

La Chaussée à Voie Centrale Banalisée (CVCB), autrement appelée Chaucidou, matérialise un nouveau partage de la voie de circulation entre les véhicules motorisés et les vélos. Elle est désormais présente aux entrées de ville, au Nord et au Sud de Morlaix. Elle est également en projet à St Martin des Champs, Guimaëc, Plourin lès Morlaix, …

Qu’est une Chaussée à Voie Centrale Banalisée : la CVCB ( Chaucidou) ?

En dématérialisant l’axe central et en créant parallèlement deux couloirs de circulation pour les vélos, de part et d’autre de la voie centrale, la CVCB marque une petite révolution dans les habitudes des automobilistes. Et comme toute révolution elle peut être source d’incompréhension, d’autant qu’elle bouscule des valeurs que des décennies de règne sans partage de la voiture ont pu nourrir chez l’automobiliste : puissance, vitesse, virilité. Il est par conséquent impératif de l’accompagner pour qu’elle engendre tous les bienfaits attendus.

Augmentation de la sécurité par renversement de la hiérarchie

D’abord il faut en rappeler le but. L’effet premier attendu est une augmentation de la sécurité pour les usagers cyclistes là où la largeur de la rue ne permet pas de créer une piste cyclable. La règle d’usage de la CVCB est claire : la voie centrale est le couloir de circulation des véhicules motorisés, les bandes de rives sont ceux des vélos. Ce n’est qu’en situation de croisement de deux véhicules motorisés que ceux-ci sont autorisés à se déporter sur les bandes de rives si, et seulement si, aucun cycliste n’y circule. Dans les faits, en présence d’une CVCB, le cycliste a donc priorité sur la voiture. Cet aménagement consacre un renversement de la hiérarchie entre les usagers de la route ou de la rue. L’usager le plus vulnérable : le cycliste a la priorité sur l’usager le plus dangereux pour lui : l’automobiliste.

Points clés d’une CVCB efficace

Dans la pratique les études réalisées par le Cerema permettent d’établir les points clés qui rendent les CVCB plus sûres pour les cyclistes (cf. fiche n°37 de Mai 2017) :

• Marquer la différence entre la voie centrale et les voies de rives par un traitement de couleur spécifique. Couleur claire pour les rives, foncée pour la voie centrale. 
• Une largeur des voies de rive supérieure à 1,50 m est préconisée pour garantir aux cyclistes une distance latérale de dépassement sûre, lorsqu’ils sont doublés par un véhicule motorisé. Les dernières recommandations parlent de réserver au moins la moitié de la largeur de la chaussée aux rives, marquage inclus, en ne laissant que la largeur d’une seule voie à la chaussée centrale.
• Il est utile de rappeler la CVCB à intervalles plus ou moins réguliers par un artifice d’aménagement afin d’encourager les automobilistes à ne pas emprunter la rive en marche normale. 

A Morlaix

De plus, aujourd’hui la pratique quotidienne des CVCB ouvertes à Morlaix permettent à l’APAV d’établir les éléments d’aménagements impératifs à réaliser pour que la pratique du vélo y soit plus sûre :

• La signalétique verticale d’entrée de la CVCB doit être plus explicite, elle doit marquer la priorité du cycliste sur le véhicule motorisé. 
• La signalétique d’entrée doit aussi bien marquer que la voie de circulation est la voie centrale pour les véhicules motorisés, admis à emprunter les voies de rive, pour croiser un autre véhicule, si nécessaire et si aucun cycliste n’y circule. 
• La distance minimale latérale de dépassement doit être rappelée. Elle est de 1 mètre en ville. On doit d’autant le rappeler que les bandes de rives de la CVCB de la rue de Brest mesurent 1,20m de large, là où, rappelons-le, le Cerema préconise 1,50m pour garantir une distance latérale de dépassement non dangereuse pour le cycliste. Ce qu’une pratique au quotidien atteste également : les cyclistes se voient frôlés régulièrement par des automobilistes qui se hâtent de les doubler, notamment quand une voiture arrive en face.
• La présence de plateaux surélevés sur la CVCB, créés généralement pour sécuriser le passage des piétons, permet la pose d’écluses (réduction de la voie centrale par la pose de bornes à l’entrée des plateaux et de marquage au sol) utiles également au rappel que la voie centrale est le couloir de circulation des automobilistes. 
• En l’absence de réglementation officielle pour cette signalétique, il appartient à la collectivité de commander les panneaux portant cet ensemble d’indications.
• La vitesse doit être réduite à 30 Km/h. Avec rappels réguliers au sol. Avec un contrôle réel du respect de cette limitation. 
• Une information active des usagers automobilistes sur les caractéristiques des CVCB doit être réalisée. Par oral, par tract. Les agents municipaux chargés de la sécurité routière doivent mettre en œuvre une veille régulière du bon usage de la CVCB par les usagers, automobilistes notamment.

En effet, bien que la Convention Citoyenne pour le Climat ait mentionné le vélo à de nombreuses reprises lors des débats et émis des propositions favorisant son usage, le Gouvernement n’en a retenu aucune dans sa proposition de loi. Pourtant, le constat est unanimement partagé : le vélo, avec la marche, est le seul moyen de transport totalement décarboné, en plus d’être bénéfique pour notre santé. 
Lors de la manifestation « Loi Climat » du dimanche 28 mars, initiée par Bretagne Vivante, en présence de nombreuses associations, l’APAV a énoncé les propositions de la FUB à ce sujet (qui ont fait l’objet de dépôts d’amendements).

En savoir plus :

• un résumé des enjeux par la FUB
• le site FUB parlons-vélo
• le projet de loi Climat sur le site de l’Assemblée Nationale